La poste : service postal mais pas seulement...


Avant d'être une entreprise, la poste fut un moyen de communication existant depuis l'antiquité. Ayant pour but de délivrer des plis, souvent diplomatiques ou militaires, de loin en loin et d'avant-postes en places fortes, la poste s'est vite révélée vitale au développement des nations. Les correspondances privées, puis d'autres services s'en sont ensuite mêlés et d'institution, La Poste française est devenu un groupe et entreprise à part entière.

Des racines anciennes, une poste royale pour des particuliers lésés

Sans en appeler à ses origines antiques, La Poste sous sa forme actuelle – ou tout du moins les prémisses de celle-ci – a émergé alors que des rois et reines gouvernaient encore le pays. En France, c'est en 1477 que Louis XI reprend le principe des relais romains et créé des relais de poste servant en premier lieu uniquement au transport des messages royaux et d’État, bien évidemment. Un siècle entier devra effectuer sa révolution pour voir apparaître, seulement en 1576, des offices de messagers royaux, lesdits messagers étant officiellement habilités et spécialisés dans le transport des sacs à procès. Ces sacs contenaient ce que leur nom suppose (soit toutes les pièces nécessaires à la tenu d'un procès), mais, étrangement, s'y mêlait alors la correspondance privée que les messagers étaient gracieusement autorisés à prendre contre rémunération du récipiendaire. Davantage que les messagers privés ou de ceux de l'Université – ainsi que l'utilisation sporadique par les plus riches des privilèges de circulation de la poste royale pour leur propre correspondance –, à la fin du siècle, le service devient une organisation bien plus établie menant aux premiers bureaux de cette poste à cheval.
 
Cette première étape ayant vu défiler plusieurs monarques tels que François 1er, Charles IX ou encore Henri III, la fortune de ces relais posés tous les 28 kilomètres (distance pouvant être parcourue en une journée au galop) a été diverse au fil des conflits militaires ou religieux. C'est sous Henri IV que les correspondances privées explosent sans réel contrôle et hors de la légalité voulue par la royauté. Se rendant compte de cet écart et, probablement, de ce manque à gagner, Henri IV confia à Fouquet de la Varenne le soin d'organiser un réel service pour les particuliers. Dès lors, en 1603, s'érige la « Poste aux lettres », véritable première version de notre poste moderne. Régularisant les transports des courriers, le politique et l'économique priment tout de même et le service aux particuliers est plus qu'aléatoire, voire foncièrement discriminant. Les « tenants-poste » et « chevaucheurs » vont en tout les cas peu à peu céder leur place. Les premiers, bien avant les seconds puisque dès 1624, une nouvelle hiérarchie se met en place. Le Général (puis Surintendant Général des postes) Pierre d'Almeras, chapeaute les Maîtres courriers ou Maîtres des postes s'occupant de la gestion globale du personnel comme du matériel pour chaque zone. Trois ans plus tard, les premiers tarifs vers certaines grandes villes voient le jour. Ils sont fonction du poids de chaque pli et à la distance à parcourir entre Bordeaux, Lyon, Toulouse et Dijon de prime abord. D'Almeras se porte garant de l'absence de dérive de ces premiers tarifs portant son nom.
 
La surintendance des postes et l'ouverture à un public toujours plus large survient véritablement en 1630, la poste se divisant alors en deux entités. La « Poste aux lettres » continue son office tandis que la « Poste aux chevaux » se lance dans le transport de personnes et marchandises. La Poste se développe rapidement, passant de quelques 250 relais pour 14 itinéraires sous Henri III à 623 relais lors de l'édition de la première carte des routes de poste, en 1632. Malgré cela, une concurrence subsiste, surtout au sein de la poste des universités, qui finira par foncièrement souffrir de la préférence du pouvoir donné à son propre service d’État, particulièrement sous le règne de Louis XIV. Politique et finance seront encore et toujours des leviers appréciés de cette Poste faisant entrer l'or dans les caisses et servant, plus que jamais, le régime. Efficacité, rentabilité, centralisation et développement furent les maîtres-mots du marquis de Louvois, Ministre de la guerre et Surintendant général des postes et relais de Louis XIV. Les Maîtres des courriers disparaissent pour laisser la place à une Ferme générale des postes d'une part – pour les envois nationaux et vers l'étranger – et des petites postes, plus tardivement – pour ceux au sein des villes. La concurrence, toujours présente au travers de multiples exploitant, subit alors un sérieux revers puisqu'en 1672, les anciennes charges de maîtres des courriers sont rachetées par des financiers laissant la portion congrue à ceux voulant exploiter ces titres pour exercer : ils doivent souscrire à un bail renouvelable et reverser les bénéfices engrangés. La poste des Universités disparaît quant à elle quelques décennies plus tard, en 1719, assimilé par la Ferme Générale des postes.
 
En parallèle de ces événements, Jean-Jacques Renouard de Villayer trouve absurde que les correspondances aillent de villes en villes, mais ne fasse qu’atterrir dans un bureau central, sans que les destinataires n'en soient avertis ni qu'une distribution n'ait lieue. Pas de communication épistolaire au cœur des agglomérations, pas d'envois directement aux petites communes. De Villayer entend changer cela et instaure le premier service parisien de distribution directement aux destinataires. Les facteurs apparaissent, ainsi que les boîtes aux lettres – dans les plus grandes rues, au début – avec des levées de courrier trois fois par jour. Les prémisses du timbre datent également de cette époque. Ce n'est plus forcément le destinataire qui règle pour les lettres de un sol, mais l'expéditeur achetant un billet accompagnant le courrier. Cependant, tout innovante qu'elle soit, la petite poste périclite rapidement. La France accuse de ce fait un certain retard vis à vis de ses voisins européens pour ce qui est des distributions intra-muros pour chaque ville. Si cette initiative existe depuis 1680 en Grande-Bretagne, il faudra ainsi attendre 1758 pour que Louis XV autorise Clément Humbert Piarron de Chamousset à relancer la petite poste. Neufs bureaux entrent en fonction dans Paris, première ville à être impactée, et quelques 150 facteurs s'élancent sur les routes en 1760. Les principales villes françaises suivront durant les deux décennies suivantes et, 1780 arrivant, La Grande Poste annexe et absorbe la petite poste de Paris, première étape d'une profonde transformation du pays qui affectera évidemment les postes.
 

Révolution, progrès technologique et monopole d’État

Une première modification, mineure mais néanmoins appréciable, se révèle être le respect du secret des correspondances. Secret que les employés doivent faire serment de garder intact, contrairement à la pratique antérieure et répandue de l'ouverture des plis sur simple volonté royale ou noble. Cela, ainsi que la fin des privilèges pour les messageries comme ailleurs, étaient précisément les préoccupations principales gravitant autour des échanges postaux. Dits échanges dont le peuple ne faisait cependant que peu de cas en cette époque de grands bouleversements. Dès 1791, cette habitude de pouvoir ouvrir le courrier selon la volonté des puissants est donc enterrée. La Révolution a par ailleurs pour effet de centraliser encore davantage les postes en une seule et même entité. Les structures privées disparaissent, les messagers passent à l'as et les petites postes n'ont plus un fonctionnement autonome. Toujours est-il que les postes devenant une administration d’État égalitaire, elle se doivent d'être réorganisées, refinancées et réformées. L'apparition à la même date des départements français – modifiant toutes les adresses et certains noms de villes – ainsi que des protestations de ceux ne voulant pas renoncer à leurs privilèges ne facilitent en rien ce grand remaniement. Pourtant, bon an mal an, les postes deviennent un service public aux alentours de 1793 : l'Agence Nationale des postes regroupe l'ensemble des institutions passées et autres messageries spécifiques.
 
Les malles-postes couplées au transport de passagers deviennent dès lors un moyen supplémentaire de convoyer les plis. Cependant la fin des privilèges et de l'argent royal ou noble signe aussi la naissance de problèmes de rentabilité inédits. Pour y pallier, les revenus de base des postiers – décidés quelques années plus tôt – se voient augmentés en 1797, sans effet notable. D'autant plus que les malles-postes s'avèrent être un échec cuisant, le public ne les plébiscitant pas pour se déplacer. En 1805, la solution trouvée et appliquée viendra d'un certain Napoléon qui mettra en place un taxe nationale en faveur des postes. La poste impériale critiqua vertement cette mesure, mais le service public postal tel que nous le connaissons aurait pu disparaître faute de moyens et sans cette manne. En effet, de quatorze routes postales l'on était déjà passé à quarante, le personnel ayant en conséquence augmenté mais, également, se révélant pour grande part inexpérimenté. Tous les bureaux de poste ne disposent alors pas d'effectifs suffisants et il était fréquent que les campagnes les plus modestes doivent se débrouiller avec les moyens du bord, avant que les rangs ne puissent gonfler à l'approche de la décennie 1780 puis, avec l'augmentation des moyens financiers.
 
Cela étant, sous Napoléon, la poste est aussi et surtout militaire, les nombreux conflits européens nécessitant une communication rapide et efficace. Les estafettes impériales seront particulièrement – au-delà du système de poste des armées – une réussite en terme de distances parcourues au rapport d'un temps et d'un coût faibles tout comme d'une traçabilité inédite. La poste comme arme de guerre permet d'alimenter les fronts en information, de faire circuler rapidement un ordre ou une nouvelle, de couvrir une partie de l'Europe depuis Paris, mais également, par exemple, de décréter un blocus contre l'Angleterre afin de l'isoler parfaitement, y compris sur le plan de l'information. Pendant les trois quart du XIXème siècle, cette poste révolutionna le transport de courrier, quand bien même l'équité de la Révolution était loin.
 
L'Empire tombé, la République de retour et la France partiellement occupée par la Prusse, ce sont les premiers ballons postaux qui voient le jour pour transmettre clandestinement des courriers sans éveiller les soupçons de l'occupant. La Poste de France, monopole confirmé en 1801, possède certes des timbres officiels depuis 1849, mais ne fait plus autorité dans le pays. Paris assiégé ne parvient pas véritablement à communiquer. Juste avant le siècle suivant – et une poste bien plus proche de nous – de grands changements surviennent en peu de temps : la poste aux chevaux est supprimée en 1873, date à laquelle les estafettes auparavant impériales disparaissent également ; l'Union Générale des Postes voit le jour entre plusieurs pays ; en France, La Poste devient le Ministère des Postes et Télégraphes (utilisés depuis 1794) ou P&T ; enfin, la Caisse Nationale d’Épargne Postale et les premières formes du Livret A sont créés, marquant l'entrée de La Poste dans les services financiers en 1881. La Troisième République use de l'omniprésence de La Poste pour populariser l'épargne auprès de tous les français, d'autant plus en temps de guerre, ce que ne va pas tarder à connaître de nouveau la France. Le livret marque aussi une des premières émancipations féminines officielles, puisque les femmes peuvent en ouvrir un sans l'autorisation de leurs époux. La Poste embauche par ailleurs nombre de femmes dans ses rangs, notamment du fait des guerres et du manque d'hommes disponibles. Avancée éphémère, puisque prenant fin au retour des combattants à leurs postes, mais avancée tout de même.
 

Conflits mondiaux et révolution industrielle et technologique

Durant une courte période de répit relatif avant le conflit mondial à venir, la poste se fait aéroportée en 1911, avec les premiers essais de transport par avion. Mais ce n'est que l'année suivante qu'un biplan relie Nancy à Lunéville pour la première fois. Après l'aviation, c'est l'industrie automobile qui décuplera les moyens de La Poste, surtout dans les ruralités du pays, certes desservies, mais bien moins que les grandes villes. En 1927, la poste automobile rurale répète l'opération des malles-postes et transporte également des personnes tandis que, en 1935, le service postal aérien se constitue en réseau de jour – puis de nuit – autour de la société Air Bleu.
 
Alors que la Première Guerre Mondiale avait désorganisé des services postaux débordés et vu l'apparition des factrices, la Seconde, quant à elle, conjuguera injustices, propagande et résistance au sein des services postaux. Entre les deux, les P&T deviennent PTT en 1929 avec l'ajout du téléphone au télégraphe. Ces nouveaux PTT se dotent de chèques postaux et d'un sigle. Il redeviendront plus tard P&T (pour Télécommunications) avec l'obsolescence du télégraphe, puis PTT de nouveau avec l’avènement de la Télédiffusion. Toujours est-il qu'entre temps, il est déjà question de privatisé le fameux monopole des PTT dès 1922 : son budget est divorcé de celui de l’État tout en restant sous sa houlette. Mais tandis que les échanges postaux font un bond de 75 % durant l'entre-deux guerre, ni les salaires, ni les effectifs ne suivent et la reconstruction ne concerne pas énormément La Poste, qui maintient à peine la tête hors de l'eau. C'est à cette époque que trains, bateaux et véhicules voient leurs trafics décuplés pour compenser les manques humains. L'avion, de son côté, et hormis les quelques tentatives misent en place, ne prendra son essor qu'à l'issue du deuxième conflit mondial. Les conditions de travail sont ainsi dépassées, mauvaises, voire scandaleuses pour un service minimum et des technologies sous-exploitées.
 
Quoi qu'il en soit, malgré une atmosphère morose, ou peut-être à cause d'elle, les employés des PTT entreront davantage en résistance que la reste de la population. Usant de biais légers comme l'entrave à la propagande ou plus lourds comme les sabotages multiples – et notamment le plan Violet isolant la Normandie en coupant les 2.000 câbles des communications allemande dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 – la Résistance PTT eu un fort impact et paya un lourd tribu avec 18.000 personnes déportées ou fusillés durant les conflits.
 
Ensuite tout s’accélère. Après la libération, jusque la bleue pour ses boîtes, verte pour ses véhicules, la poste arbore désormais un jaune visible de loin, lumineux. Son logo voyant le jour en 1960 reste cependant bleu : l'oiseau postal prend son envol. Les iconiques 2CV de Citroën écument les campagnes depuis une dizaine d'années à cet instant et, en 1964, la codification des adresses postales débute pour une efficacité accrue. Douze ans plus tard, le code postal à cinq chiffre que nous connaissons tous orne les premiers courriers, encore une douzaine d'années (1984) et les PTT disposent de leur propre TGV. D'ailleurs de PTT il n'y a bientôt plus puisque, en 1988, la branche télécommunications devient France Télécom tandis qu'en 1991 La Poste devient un « exploitant autonome de droit public ». Au tournant du millénaire, enfin, La Poste se lance sur internet pour ne pas manquer davantage du tournant du numérique dont elle a beaucoup à craindre. En 2001, le groupe se lance de plus dans les services de bourse en ligne en sus de ses services financiers historiques.
 
L'année 2002 est cruciale puisque le changement de monnaie génère une forte pression sur les acteurs financiers, La Poste se portant garante – avec succès – du bon passage du franc vers l'euro. Alors que les volumes de courriers chutes drastiquement, c'est en 2003 que la concurrence effectue un retour d'abord timide face au monopole toujours étatique. Ce retour s'étalera sur dix années, La Poste conservant certaines exclusivités de transport et de distribution, notamment sur les plus petits plis. Durant cette décennie, l'enseigne assume enfin ouvertement son statut de banque avec l'ouverture de La Banque Postale en 2006 et perd ses derniers privilèges : la fin du monopole amorcée dès 1922 arrive à sa conclusion. La Poste devient – à l'image de la SNCF – un établissement public industriel et commercial (EPIC), Le Groupe La Poste en émerge par la suite en tant que société anonyme à capitaux à 100 % public, en 2010. La « privatisation » n'en a ainsi que le nom, l’État restant le seul actionnaire du groupe. Cependant, 95 % du personnel s'opposait à cette transformation en société par actions. De même, une grande part du public s'est prononcé contre une privatisation, un État comme unique actionnaire étant en définitive le compromis trouvé par le Sénat pour maintenir cette transformation. Décision à laquelle certains politiques aimeraient appliquer une deuxième délibération pour ouvrir le capital de La Poste à d'autres actionnaires.
 
Disposant aujourd'hui d'une banque, d'un service courrier, d'un autre pour les colis, d'une gestion de parc immobilier, d'un service de téléphonie mobile ainsi que de produits et services numériques au travers de laposte.net, le groupe La Poste a largement dépassé la simple transmission des plis de ses débuts. Le principe de « poste » s'est étoffé pour passer de monopole d’État et de service public, à société par actions potentiellement à fond privé, dans un avenir plus ou moins proche. Le TGV postal ayant chanté son chant du cygne en 2015, l'entreprise est, elle, bien loin des crises financières de ses origines. Avec le courrier seul, ce sont 11,4 milliards de chiffre d'affaires qui sont dégagés, 82 % de ce chiffre étant réalisé en France. Ce seul service courrier représente 50 % des rentrées de l'enseigne. Ce sont donc au total 22.2 milliards d'euros que La Poste engrange en 2014, les services bancaires et de colis étant les deux autres pôles majeurs du groupe. Avec quasiment 260.000 collaborateurs La Poste est par ailleurs le premier groupe postal européen et était encore, en 2010, le second employeur de France. Reste à savoir si, depuis sa « privatisation » et dans l'éventualité d'une ouverture de son capital, la qualité du service de même que son caractère public n'en pâtiront pas, comme certains le supposent ou en attestent d'ores et déjà.
 
 
 
Infos utiles :
 
Contacter le service client : https://www.laposte.fr/service-consommateurs
ou appeler le 3631, le 3639 (Banque Postale) ou le 904 (La Poste Mobile)
et le 0 970 808 660 (La Poste Mobile depuis un poste fixe).
Pour Chronopost, contacter le 0 969 391 391
sinon écrire par courrier à l'ordre de : 

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