Picard, c’est une histoire a qui a commencé il y a plus de 100 ans par des pains de glace livrés en carriole et qui s’est convertie depuis en « soupes thaï au poulet et vermicelles » commandés sur Internet. Autant dire que la marque a brillamment su s’adapter à nos évolutions sociologiques ! Tout débute en 1906 à Fontainebleau.
Picard, fondu de glace !
À l’époque, les réfrigérateurs et congélateurs sont encore de purs objets de science-fiction. Pour conserver ses aliments, il n’y a qu’une seule méthode : les enfouir sous la glace. Raymond Picard a alors l’idée d’importer des blocs de glace depuis les Alpes. Son entreprise prospère sous le nom des « Glacières de Fontainebleau ». Mais voilà qu’après la Seconde Guerre mondiale, les premiers réfrigérateurs et congélateurs américains déboulent dans nos cuisines. Les successeurs de Raymond Picard comprennent très vite que leur métier va changer.
En 1962, les « Glacières de Fontainebleau » deviennent les établissements Picard et se mettent à commercialiser sur catalogue à la fois des produits surgelés et des congélateurs. En à peine 10 ans, avec seulement une douzaine d’employés et cinq camionnettes de livraison, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires de 5 millions de francs. C’est alors que Armand Decelle, aux commandes de l’entreprise, trouve l’idée qui fera la fortune de la marque : mettre à disposition des consommateurs d’immenses congélateurs remplis de produits frais et ce en bas de chez eux ! Les Freezer Center, les ancêtres du magasin Picard, sont nés : un distributeur de produits surgelés qui régale les familles comme les célibataires, les cordon-bleu comme les maladroits du fourneau.
Picard, contre vents et marées
Depuis l’ouverture du premier Picard rue de Rome à Paris en 1974, la recette du succès reste inchangée : une gamme extralarge de produits exclusifs sans cesse renouvelés. De la blanquette de veau aux petits fours en passant par la ratatouille et les crêpes, plus de 1 200 références se tiennent chaud dans les bacs à surgelés. Et pourtant Picard ne fabrique rien. Pour alimenter ses congélateurs, l’entreprise fait appel à 180 sous-traitants triés sur le volet, qui doivent suivre au gramme près les recettes élaborées pour la marque.
Autant dire que quand éclate le « Horsegate » en 2013, Picard en est sans doute le premier surpris. Le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes fait la une de tous les journaux et l’entreprise voit son chiffre d’affaires s’écrouler en quelques semaines. Mais grâce à un habile plan de communication, un vent frais souffle de nouveau sur l’entreprise. Un an après l’affaire, l’enseigne est redevenue l’enseigne préférée des Français. Les consommateurs saluent la fraîcheur de ses produits, mais surtout son goût pour l’innovation. Picard surprend les Français et grâce à Picard, les Français surprennent leurs convives !
Picard, le surgelé sans frontières
Le retour en grâce de Picard s’exprime aussi par des chiffres : l’enseigne vend un moelleux au chocolat tous les six secondes, deux macarons toutes les secondes et 16 tonnes d’haricots verts par jour ! Résultat des courses : les ventes annuelles des 950 magasins dégagent un chiffre d’affaires de 1,4 milliard d’euros, avec une rentabilité de presque 8%, quand celle d’un Leclerc ou d’un Carrefour franchit difficilement les 3%… Mais Picard ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Une de ses priorités ? Ouvrir des magasins à l’international. Si l’entreprise a déjà poussé ses congélateurs jusqu’en Italie, en Belgique et en Suède, ses ventes hors de France ne pèsent encore que 3 % de son chiffre d’affaires. Mais Picard ouvrira des magasins au Japon en 2016 et rêve déjà d’Amérique du Nord.
La marque au flocon est loin d’avoir des idées givrées !